Cette conférence annuelle célèbre la mémoire du grand logicien et philosophe québécois Hugues Leblanc (1924-1999). Se déroulant sur trois jours, cet événement se structure autour d’une série de présentations délivrées par une conférencière ou un conférencier de renommée internationale, et d’interventions de professeures et professeurs issus d’universités canadiennes ou étrangères, sur une thématique relevant de la philosophie analytique.
Conférences Hugues-Leblanc 2023 (12 & 13 octobre)

Stéphanie Ruphy
École normale supérieure / Université Paris Sciences & Lettres
Science et démocratie
Jeudi 12 octobre
15.00-17.00 : Stéphanie Ruphy (ENS/PSL)
Recherche scientifique et engagement politique : faut-il choisir ?
À l’heure où les attentes à l’égard de la recherche scientifique s’intensifient pour qu’elle contribue davantage à répondre à de nombreux « défis sociétaux », la question de l’engagement des chercheurs et chercheuses, à l’échelle individuelle ou collective, soulève de multiples enjeux tant épistémologiques que politiques. Après un bref rappel historique de quelques grands types d’engagement de scientifiques, je proposerai une cartographie des différentes formes que peut prendre aujourd’hui l’engagement dans nos sociétés démocratiques. Militantisme, intervention dans des débats publics, expertise auprès de décideurs, participation à des projets de sciences citoyennes, pilotage de la recherche, etc : pour chacune de ces formes d’engagement, j’interrogerai leurs tensions éventuelles avec les attentes à l’égard de la science en matière d’intégrité scientifique, d’impartialité et enfin de neutralité. Ce qui supposera au préalable de bien cerner ce que doivent être ces attentes dans une démocratie.
Commentaire
Amandine Catala
Département de philosophie, UQAM &
Chaire de recherche du Canada sur l’injustice et l’agentivité épistémiques
Vendredi 13 octobre
10.30-12.30 : Stéphanie Ruphy (ENS/PSL)
L’imprévisibilité de l’enquête scientifique : quelles conséquences pour la gouvernance de la recherche ?
L’imprévisibilité est une caractéristique très valorisée de l’enquête scientifique : nombre de découvertes ayant marqué l’histoire des sciences sont décrites comme des découvertes faites par hasard. Cette imprévisibilité est souvent invoquée dans les débats sur le pilotage et le financement de la recherche pour défendre une recherche fondamentale guidée par la seule curiosité, et résister à un pilotage thématique trop ciblé, indexé sur les « défis sociétaux ». L’argument sous-jacent est qu’un champ de recherche serait épistémiquement moins fécond, moins propice à la survenue de l’inattendu, quand il est directement orienté vers la résolution de problèmes exogènes. J’interrogerai dans un premier temps la validité épistémologique de cet argument de l’imprévisibilité et montrerai qu’une science orientée par des problèmes exogènes peut s’avérer en réalité favoriser, sous certaines conditions épistémologiques, la survenue de l’inattendu. J’aborderai ensuite la question normative de la valorisation même de l’imprévisibilité en science et montrerai que pour une certaine forme d’imprévisibilité, une telle valorisation entre en tension avec une conception démocratique de la définition des priorités de la recherche.
Commentaire
Julien Prud'homme
Département des sciences humaines, Université du Québec à Trois-Rivières & CIRST
12.30 – 13.30 : Dîner-Buffet
13.30-15.30: Stéphanie Ruphy (ENS/PSL)
Les mérites (et limites) de la démocratie participative sont-ils transposables à la recherche scientifique ?
Les formes participatives de démocratie se multiplient aujourd’hui dans nos sociétés, tant aux échelles locales que nationales. La recherche scientifique ne fait pas exception à cette évolution générale vers une plus forte implication directe des citoyens dans de nombreux domaines de la vie publique et politique, comme en atteste la visibilité et le soutien institutionnel croissants dont bénéficient les sciences participatives, les sciences citoyennes et autres formes d’enquête scientifique mobilisant des citoyens qui ne sont pas des chercheurs professionnels. Je discuterai des raisons principales avancées pour justifier le développement des sciences participatives et citoyennes : à quelles évolutions de la recherche scientifique et de son rôle dans la société sont-elles censées répondre ? Peut-on espérer ainsi renforcer la confiance envers la science ? J’analyserai ensuite quels sont les apports épistémiques de ces formes d’enquêtes scientifiques plus inclusives, notamment en matière d’objectivité, mais aussi les difficultés qu’elles soulèvent. J’examinerai enfin à quelles conditions portant sur le pilotage de la recherche, et dans quelle mesure, une science davantage participative peut contribuer à combler le déficit de démocratie qui caractérise aujourd’hui les processus de choix des priorités de la recherche.
Commentaire
Jocelyn Maclure
Department of Philosophy, McGill University &
Stephen A. Jarislowsky Chair in Human Nature and Technology
15.45-16.30 : Discussion générale
Toutes les activités se dérouleront au W-5215 (UQAM, Département de philosophie, 455 Boulevard René-Lévesque Est, Montréal, H2L 4Y2).
Les conférences seront aussi diffusées sur Internet en direct.
- Inscription obligatoire à l’adresse suivante : https://uqam.zoom.us/meeting/register/tZYqceusrT0iE9zaL-mbJpuHa85o6K2aISMW
Organisé avec le généreux soutien du Département de philosophie de l’UQAM ; du Vice-Décanat à la Recherche de la FSH (UQAM), du CIRST, de la Chaire de recherche du Canada en philosophie des sciences de la vie (UQAM) et de la Chaire de recherche du Canada sur l’injustice et l’agentivité épistémique (UQAM).